Vers 862, la région souffre des ravages des Normands. Des châteaux
forts sont construits pour contrer ces envahisseurs venus du nord. Vers
l'An Mil, les multiples incursions normandes affaiblissent l'autorité
de l'Abbaye et l'empêchent de lutter pour la conservation de ses
terres. Ces dernières seront revendiquées par les nouveaux
maîtres des places fortes, qui depuis leurs forteresses, étendent
leurs juridictions, c'est le cas du Seigneur de Montmorency, dont
la descendance donnera trois connétables à la France.
En ce temps-là, les relations "vassal-suzerain" régissaient
la vie politique. Bien avant leur accession au trône de France,
toute la région parisienne était sous la suzeraineté
des Capétiens. Les nouveaux seigneurs locaux et l'Abbaye de Saint-Denis
étaient des vassaux des premiers Capétiens. Dans cette hiérarchie,
les Seigneurs de Villiers-Le-Bel étaient eux des vassaux de l'Abbaye
de Saint-Denis. Vers 1125, cette famille possédait les terres
de Groslay, Piscop, Saint-Brice, Villiers-Le-Bel, Sarcelles et Montmagny. Sans violence ou si peu, les vassaux changent de suzerain.
Vers 1368, les Seigneurs de Villiers-Le-Bel placent officiellement leurs possessions
sous la suzeraineté de la Châtellenie de Montmorency.
Vers 1211, sur une petite butte verdoyante et vallonnée, le
chevalier Pierre de Piscop, vassal du Seigneur de Villiers-Le-Bel, fonda
une cure sur sa terre, dans une chapelle qui sera érigée
en église paroissiale trois ans plus tard. Auparavant, les quelques
habitants de Piscop dépendaient de la paroisse de Saint-Brice.
Une alliée de la famille de Piscop, la dame Eremburge de Brie,
fit donation à la nouvelle église de biens tel que le fief
du Luat.
Le nom de Piscop viendrait de Pissecot, il signifierait
"côté qui suinte", la commune est en effet sur un
coteau où l'eau coule de toutes parts.
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Le Château du Luat
En 1339, Marie de Beaumarchais, Dame de Longperier, veuve de Jean de Chambly, était la propriétaire
de la terre du Luat, mouvante en plein fief de la seigneurie de Piscop. Par contrat du 31 juillet de cette même année, elle vendit son fief à Amaury de Braque, un descendant d'Erimbert de Braque, gendre du chevalier Pierre de Piscop. Par la suite, Arnoul De Braque, fils d'Amaury, sera anobli par Philippe VI de Valois en récompense de loyaux services. A la fin du XIVème
siècle, Arnoul était qualifié de Seigneur du Luat et
de Seigneur de Piscop. La famille de Braque tiendra ces seigneuries durant
plus de quatre siècles. Elle donnera ses armes au blason de la
commune de Piscop.
Toutefois, au début du XVème
siècle, la région
parisienne était sous domination anglo-bourguignonne. Le chevalier
Jean de Braque avait soutenu le parti anglais, pourtant le duc de Bedford, régent au nom de son neveu Henri VI,
avait donné successivement
l'Hôtel du Luat à Albert de Rosen-Garden, à Wattequin
Wales et à Adenet Tixerand dit Chapelier. Il sera rendu à
son seigneur par le roi de France Charles VII.
Vers 1572, Béraud de Braque, curé de Piscop, conseiller
et aumônier de Catherine de Médicis, frère du Seigneur
de Piscop, mit en sûreté au château du Luat les reliques
de Sainte Céline, une compagne de Sainte-Geneviève, et
celles de Saint Barthélémy, pendant les guerres de religion.
Vers 1752, Marguerite Henriette de La Roche, veuve de monsieur Boucher, receveur de la capitation de la cour, acheta le château du Luat
à Marie Thérèse Aimée de Flogny, fille aînée
de Paul-Emile de Braque, Seigneur du Luat. Son père le lui avait
offert pour sa dot de mariage. Avant 1761, Madame de La Roche était
devenue marquise grâce à un nouveau mariage avec le marquis
Philippe de Foucauld.
Le 15 février 1790, Piscop fait officiellement partie du département
de Seine-et-Oise, et de l'arrondissement de Pontoise.
La Révolution s'en prend aux symboles du pouvoir de l'Ancien
Régime. Les châteaux et les églises sont saisis et
vendus.
A priori, Madame de La Roche perd son château du Luat. Au début
du XIXème, le château devient le cadre d'une filature de
coton, dirigée par monsieur Denis Jullien, maire de Piscop.
En l'an X de la République (1802), le château est acquit par Nicolas Louis Hyacinthe Hua,
écuyer, avocat au Parlement. Il restera la propriété de la famille Hua
pendant plus de 170 ans. Eugène Hua, petit-fils du précédent, conseiller
à la Cour d'Appel de Paris, fit d'importants travaux au Luat, qu'il orna de ses initiales
en de nombreux endroits.
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Les dépendances et une vue
arrière du Château du Luat
Le 19 septembre 1870, les troupes prussiennes envahissent le village
de Piscop. Les maisons seront pillées. Le château du Luat
sera le cadre d'un hôpital militaire jusqu'au 11 mars 1871.
Au début des années 1960, l'Ile de France est subdivisée en trois départements, la Seine, la Seine-et-Marne et
l'immense Seine-et-Oise, dont faisait partie Piscop. Pour rapprocher la population de l'administration, l'Etat décide de
revoir ce découpage.
Par la loi du 10 juillet 1964, le département de la Seine-et-Oise est découpé en
six départements. Le 4 octobre 1967, Piscop fera officiellement
partie du département du Val d'Oise avec comme préfecture
la ville de Pontoise.
De nos jours, le château existe toujours, sa construction actuelle
date du XVIème siècle. Avec son parc de 5 hectares en bordure des forêts
d'Ecouen et de Montmorency, il compose le cadre agréable d'un collège
privé : l'Institut du Luat.
Il y a plusieurs années, avant d’aboutir finalement à la commune d'Argenteuil, la quête de mes ancêtres LERAUT m’avait conduit à Piscop. En dépouillant les registres paroissiaux de cette commune à
la recherche de la moindre piste, j’ai pu remarquer que de 1716 à 1886, les LERAUT (sous différentes formes patronymiques) avaient laissé de nombreuses traces de leurs présences
dans ce village. Et que plusieurs d’entre eux avaient vécu dans le château du Luat, non pas en tant que propriétaires des lieux, mais en tant que serviteurs.
De ce fait, mon intérêt a été grand de connaître un peu mieux l’Histoire de Piscop et de son château...
L’Histoire de la famille LERAUT à Piscop commence vers l’année 1716,
où mon ancêtre Jacques LERAULT, natif d'Argenteuil, fils de Jean LHERAULT et de Marguerite CHEVALLIER, s'installa dans cette commune et s’y maria.
Aux alentours, la culture de la vigne était
florissante. Jacques était vigneron à Argenteuil, il continua
logiquement son métier à Piscop. Vers 1761, son fils François
LERAUT et sa belle-fille Marie Jeanne RIVIERE ont travaillé aux
services de Madame de la Roche au château du Luat.
La fille aînée de ce couple, Henriette, aura pour parrain
Philippe, marquis de Foucauld, haut et puissant seigneur, chevalier
de l'ordre royal militaire de Saint-Louis, capitaine de sa majesté, et pour marraine, la haute et puissante dame Marguerite Henriette de
La Roche. Plusieurs LERAUT passeront leur enfance au château. De
1802 à 1840, François Guinefort LERAUT et Pierre Charles
Félix LEROS, respectivement petit-fils et arrière-petit-fils
de Jacques, se succéderont comme garde particulier au château
du Luat. Enfin, Michel Hélie Brutus LEROS, autre arrière-petit-fils
de Jacques, sera adjoint au maire de la commune de Piscop au XIXème
siècle.