A PARTIR du IIIème siècle avant J.C, sur un territoire
boisé et marécageux, vivaient les Morins. Cette peuplade, dont le nom signifiait "peuple de la mer", constituaient l'une des tribus
de la confédération des Belges. Il faut savoir qu'autrefois, la Belgique faisait partie de la Gaule.
Les conquêtes romaines commencèrent vers -56 avant J.C, les Belges furent les plus durs à soumettre de tous les peuples de la Gaule. En -52 avant notre ère, 25 000 Morins ont combattu aux côtés de Vercingétorix.
En -51, la domination romaine fut solidement établie. Les romains construisent des voies dont la plus importante de la région, fut la Leulène. Elle allait de Thérouanne, la capitale des Morins jusqu'à la mer, entre autre à Sangatte, mais une bifurcation partant de Guînes aboutissait à Portus Itius, le grand port d'embarquement pour la Bretagne (l'actuelle Angleterre).
Vers 286, les Saxons venus de l'ouest du Danemark actuel, effectuent leurs premières expéditions sur les rivages belges. Ils s'y installent au IVème siècle.
A cette époque, le Christianisme pénètre pour la première fois dans cette contrée. Firmin sera le premier apôtre de la Morinie à venir prêcher l'Evangile. Il sera suivi par Quentin, Fuscien et Victoric.
Vers l'an 400, le littoral Nord de la Gaule est submergé par la mer. Ce phénomène naturel fut une des raisons du départ de la population gallo-romaine vers l'intérieur des terres, laissant la place aux Saxons à l'aise sur ce genre de terrain grâce à leurs bateaux à fond plat.
Ce phénomène appelé "2ème transgression
dunkerquienne", va créer deux golfes : celui de l'Aa et celui de
l'Yser. Au cours des siècles suivants, ces golfes se combleront
par la sédimentation, il ne subsistera que d'important marais et
de très nombreuses rivières.
Au Vème siècle, les Francs venus d'outre Rhin, envahissent progressivement la Gaule. Par la suite, ils prennent possession des terres où les eaux se retirent peu à peu. Clovis est couronné roi des Francs en 481.
Au VIème siècle, les descendants de Clovis se partagèrent le territoire des Francs : à l'ouest le royaume de Neustrie (à l'origine royaume de Soissons), à l'est celui d'Austrasie. Ces deux états se livrèrent des guerres sans merci dans lesquelles, la Morinie passa tour à tour dans les mains de la Neustrie puis de l'Austrasie. Les deux royaumes furent finalement réunis au milieu du VIIème siècle. L'autorité passa des mains des Mérovingiens à celles des Carolingiens.
Entre 639 et 667, Audomar, venu de Coutances, entreprend l'Evangélisation des côtes saxonnes, non sans rencontrer de graves difficultés, il devient le premier évêque de Thérouanne. En 650, Aldroald, un noble franc cède à Audomar des terres situées à Sithiu, cet endroit deviendra plus tard Saint-Omer. A son tour, l'évêque attribue Sithiu au moine Bertin afin d'y construire une abbaye.
Depuis leur abbaye, dite de Saint-Bertin, les moines explorèrent une région, qui deviendra plus tard le Calaisis. Vers 668, ils font construire à Pétresse (Saint-Pierre-Lès-Calais), la première église de la contrée. Saint-Bain, l'évêque des Morins, l'un des successeurs d'Audomar, y vient prêcher l'Evangile. Les conversions qui se sont faîtes à sa voix, l'on fait regarder comme l'apôtre du Calaisis.
En 710, les moines de Saint-Bertin font construire une église au bourg d'Escalles, et un peu plus tard une autre à Guînes.
L'époque carolingienne fut une époque de prospérité. Charlemagne en personne, est venu dans la région notamment à Sangatte. Cette prospérité attira la convoitise des Vikings, ils feront des raids sur la côte dès la fin du VIIIème siècle. Pour les combattre, la charge de gouverneur militaire de la "Province Maritime" est créée. Son autorité s'étendait de l'embouchure de l'Escaut à celle de la Seine. Le premier a occupé ce poste durant 3 ans, fut Roland, le célèbre neveu de Charlemagne.
A la fin du IXème siècle, les Normands ravagèrent toute la Morinie, dont ils feront un désert.
Après la mort de Charlemagne, dans la Francie de l'époque, se dégagent de puissants fiefs avec de puissants seigneurs dont Baudouin Ier, comte de Flandre. En effet après l'an 876, devant la nécessité de défendre le pays contre les Normands, le roi Charles Le Chauve, petit-fils de Charlemagne, se trouva dans l'obligation de diviser la "Province Maritime" et de céder à son gendre Baudouin, toutes ses terres de la région voisines de la mer, situées entre l'Escaut et le Boulonnais. Par conséquence la Morinie se retrouva dans le domaine des comtes de Flandre. Ce ne fut pas sans contestation de la part des moines de Saint-Bertin spoliés de leurs biens. Baudouin se contenta de leur laisser quelques possessions d'où ils tiraient leur subsistance et s'appropria le reste.
Arnoul Ier, petit-fils de Baudouin eut de longs démêlés avec les moines de Saint-Bertin. Par la suite la bonne harmonie se rétablit, il restitua aux moines entre autre la terre de Merc (Pétresse et Marck), tout en la conservant sous sa suzeraineté. L'autorité du comte y était représentée par un châtelain.
Vers l'an 928, un danois nommé Sifrid, s'établit avec ces guerriers à Guînes. Arnoul n'était pas disposé à se laisser déposséder de ses terres. Il envoya des messagers pour convoquer le chef danois. Ce dernier préféra recourir à l'habileté plutôt qu'à l'arrogance, ne voulant pas entrer en lutte avec le puissant comte de Flandre. Il rencontra Arnoul, sut se faire apprécier de lui et devenir son vassal pour la terre de Guînes. Familier de la cour de Flandre, il séduisit Elstrude, la fille d'Arnoul, puis l'a mis enceinte. Sifrid mourut quelques mois après en 965. Un fils naquit sous le nom d'Adolphe, il reçut la terre de Guînes. Sa suzeraineté consistait en quatre châtellenies : Guînes, Selnesse (Ardres), Tournehem et Audruicq dans le Pays de Bredenarde. Ainsi fut fondé le Comté de Guînes en 966. La terre de Merc restait la propriété de l'abbaye de Saint-Bertin.
Au point de vue administratif, le comté de Guînes comprenait
quatre châtellenies, douze baronnies et douze pairies, dont les
chefs-lieux sont désignés ainsi qu'il suit, ainsi que vingt-six
seigneuries :
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BARONNIES | PAIRIES |
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Les-Ardres |
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(Saint-Tricat) |
(Bonningues) |
Croisilles
(Louches) |
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Grange |
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(Sanghen) |
(Zouafques) |
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(Audrehem) |
(Tournehem) |
(Campagne) |
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(Louches) |
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La Cressonnière
(Nielles-les-Ardres) |
Dipendal
(Bouquehault) |
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(Licques) |
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Estienbecques
(Louches) |
Sanghen | |
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(Louches) |
Courteheuse | Mortcamp
(Sanghen) |
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Autingues | Saint-Martin
(Louches) |
Abbaye de Licques | |
(Polincove) |
Nielles-les-Ardres | Houdrecoustre
(Brêmes) |
Abbaye de la Capelle (Marck) | |
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Campagne | Fief de Briart
(Brêmes) |
Prieuré d'Ardres | |
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Houdrecoustre (Louches) | Ophove | Hôpital de Lostebarne
(Louches) |
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Hied | Hôpital
Saint-Nicolas (Ardres) |
En ce temps-là, le château de Selnesse près de
Guînes était occupé par une famille noble flamande.
A la fin du Xème siècle, cette famille prendra de l'importance.
Le seigneur de Selnesse qui avait le titre de baron, était le
vassal du comte de Guînes. Au XIème siècle, cette
famille fit déménager son château pierre par pierre, pour le reconstruire non loin de là, sur un emplacement qui allait
devenir Ardres. De ce fait, on ne parlera plus des seigneurs de Selnesse
mais des seigneurs d'Ardres. Ces derniers seront pendant longtemps en
rivalité avec les comtes de Guînes au point qu'ils finiront
par changer de suzerain et à donner leurs hommages directement aux
comtes de Flandre. Les premiers seigneurs de Selnesse sont à l'origine
des anciennes familles de Fiennes et d'Alembon. La châtellenie d'Ardres
avait autorité sur douze seigneuries :
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(Brêmes) |
(Rodelinghem) |
(Nielles-les-Ardres) |
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(Bonningues) |
Prieuré d'Ardres |
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(Nordausques) |
(Louches) |
(Ardres) |
(Louches) |
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Adolphe de Guînes a épousé Mahaut, fille du comte de Boulogne. Il décède en 996.
Son comté devenu héréditaire, sa succession se fera de fils en fils.
Raoul lui succède jusqu'en 1004. Il meurt au cours d'un tournoi à Paris, son corps sera jeté dans la Seine.
Puis viennent Eustache jusqu'en 1055, Baudouin Ier jusqu'en 1091, et Manassès jusqu'en 1137.
Le littoral a subi à plusieurs reprises les assauts de la mer, d'où des brèches dans le cordon dunal et des inondations. Mais dès l'An Mil jusqu'à l'an 1165, les pelles des flamands ont construit des écluses, élevé des digues, constitué des canaux appelés watergangs. Le but final de cette opération a été entre autre de faire émerger de nouvelles terres comme celles de Calais et celles de la châtellenie de Bourbourg.
En 1066, le comte de Flandre Baudouin V aide un dénommé Thofton, concurrent d'Harold à la couronne d'Angleterre, à rassembler dans le tout nouveau port de Calais à peine creusé, une flotte de 60 vaisseaux. Thofton, s'avance vers les côtes anglaises et rencontre en chemin le roi de Norvège, ils débarquent ensemble en Angleterre avec leurs troupes, ils sont battus par Harold à Hamfordbridge. Mais ce combat avait affaibli les forces du roi anglais, et lorsque sur ces entrefaites, arriva Guillaume Le Conquérant, Harold subit une défaite irrémédiable à Hastings. Les fils du seigneur d'Ardres ont combattu lors de cette bataille au côté de Guillaume de Normandie. La conquête de l'Angleterre était ainsi accomplie avec le concours indirect de la flotte partie de Calais.
En 1095, le comte de Flandre Robert II, accompagné d'un grand nombre de seigneurs, partit pour la première croisade. Parmi eux se trouvaient Godefroy de Bouillon, fils du comte de Boulogne, Arnoul seigneur d'Ardres, Foulques fils du comte de Guînes, Gauthier, chapelain de Pétresse, ainsi que Guillaume fils du vicomte de Merc, et Robert seigneur de Licques.
Au retour de cette croisade, des conflits armés éclatèrent entre le seigneur d'Ardres et celui de Fiennes, puis avec le comte de Guînes, ce qui amena la désolation sur la terre de Guînes.
Au début du XIIème siècle, le comte de Flandre Baudouin VII meurt sans héritier direct, des querelles pour sa succession éclatent. Son neveu Charles Le Bon réclame le comté et entre guerre contre ses vassaux. Suite à ce conflit, la terre de Merc (Marck et Calais) sous suzeraineté flamande, isolée dans le comté de Guînes, se dégage peu à peu de la Flandre et passe sous l'autorité des comtes de Boulogne.
Le comte Manassès de Guînes décède en 1137, son gendre Henri de Bourbourg lui succède jusqu'à sa mort en 1140. Son gendre Albert, seigneur anglais, lui succède et meurt lui aussi en 1140. Arnoul Ier, neveu de Manassès devient comte de Guînes.
Vers 1140, le comte Arnoul Ier de Guînes est en guerre avec Henri, châtelain de Bourbourg, il fait appel à Baudouin, seigneur d'Ardres pour l'aider. Au début de ce conflit, Audruicq était le théâtre des opérations, par la suite le reste du comté de Guînes sera dévasté. Devant ces événements, Baudouin retourne son alliance, il épouse la petite fille d'Henri et se ligue avec lui contre Arnoul. Les terres du comté de Guînes sont à nouveau pillées. Le conflit s'arrête en 1141, puis Baudouin s'en va pour la deuxième croisade avec le roi de France Louis VII.
Vers 1150, la paix est célébrée par le mariage du futur Baudouin II, fils du comte de Guînes et Chrétienne, fille du seigneur d'Ardres. De cette union, naîtra Arnoul II qui en 1206 deviendra comte de Guînes et seigneur d'Ardres.
En 1163, une querelle éclate entre les calaisiens et les moines de Saint-Bertin à propos de la perception d'une dîme sur le produit de la pêche du hareng. Le connétable de Boulogne intervient, il empêche les révoltés d'incendier le monastère de Saint-Bertin à Saint-Pierre, puis il fait ensuite percevoir la dîme.
Arnoul Ier meurt en 1169, son fils Baudouin II lui succède.
Les comtes de Guînes recevaient d'illustres visiteurs de passage, se rendant à Wissant pour embarquer vers l'Angleterre,
ou y revenant, tels Thomas Becket, l'archevêque de Cantorbéry vers 1170, l'archevêque de Reims ou Louis VII en 1179.
En 1189, le roi anglais Richard Coeur-de-Lion débarque avec son armée à Calais pour se rendre à la IIIème croisade.
Essentiellement terrien, le comté de Guînes touche la mer à Sangatte sur une petite portion de côte. Cette commune séparait les boulonnais de Wissant, des habitants de la terre de Merc. Le comte de Guînes y avait fait édifier des fortifications.
Avant de prendre la succession de son père Baudouin II, Arnoul II de Guînes se fait un puissant ennemi en la personne de Renaud de Dammartin, l'allié du roi de France Philippe-Auguste. En effet en 1190, Renaud était devenu comte de Boulogne en enlevant et en épousant Yde, l'héritière du comté, la promise d'Arnoul. Des heurts se produisirent à Sangatte, il eut un grand nombre de tués. Mais ce n'était que le prélude des guerres qui plus tard, devaient désoler le pays.
Vers 1198, Arnoul de Guînes se marie avec l'héritière de la châtellenie de Bourbourg et ajoute cette terre à ses possessions.
Auparavant en 1180, Philippe-Auguste a épousé Isabelle de Hainaut, petite-nièce du comte Philippe de Flandre, elle apporte en dot ce qui va devenir l'Artois, ainsi que les hommages de Guînes et de Boulogne. Cette dot sera disponible qu'à la mort du comte de Flandre, qui surviendra en 1191.
En cette année 1191, Philippe-Auguste prend possession de son nouveau domaine. Une guerre éclata entre la France et la Flandre. Le comte de Guînes, Baudouin II refuse la suzeraineté du roi, et combat dans les rangs de la Flandre. En 1198, Saint-Omer est prise par les flamands, et par le traité de Péronne en février 1200, le comté de Guînes repasse officiellement sous la suzeraineté de la Flandre.
A la suite de ce conflit, les petits seigneurs du comté de Guînes se livrèrent des guerres les uns aux autres, ce qui entraîna la ruine des campagnes.
En 1203, le conflit éclate entre les comtes de Guînes et de Boulogne. Tout d'abord comme la première fois près de Sangatte, où les troupes de Guînes sont victorieuses sur celles de la terre de Merc. Le comte de Boulogne étant parti pour la IVème croisade, le roi Philippe-Auguste fut chargé de défendre les intérêts de Renaud de Dammartin. Se rappelant 1198, il envahit avec plaisir la terre de Guînes. Le comte de Flandre, Baudouin IX, lui aussi en croisade, ne pourra pas défendre son vassal. Pour éviter la ruine, Baudouin II capitule et se livre prisonnier. Il sera libéré à l'automne 1204, il mourra le 2 janvier 1206.
A cette date, Arnoul II devient officiellement comte de Guînes, seigneur d'Ardres et châtelain de Bourbourg. Vers 1209, son puissant voisin le comte Renaud l'attaqua de nouveau avec l'aide de Philippe-Auguste. Cette occupation dura une année au cours de laquelle le pays fut pillé.
En 1210, un accord est conclu entre les deux comtés au sujet du point de discorde Sangatte. La forteresse de ce château sera démantelée. La même année, le comte de Boulogne crée des échevins et nomme un gouverneur à Calais, faisant de cette ville une commune indépendante, désormais distincte de Marck.
En 1211, Arnoul II se reconnaît vassal du roi de France au détriment de Ferrand de Portugal, nouveau comte de Flandre.
Fin 1213, refusant l'autorité royale et regrettant la perte de l'hommage de Guînes, le comte Ferrand, vassal du roi de France, se révolte et s'allie au roi Jean d'Angleterre. Renaud de Dammartin change aussi de camp. En conflit avec Philippe-Auguste, qui lui a confisqué son comté, Renaud s'est réfugié en Angleterre, où il prête hommage au roi anglais pour sa terre de Boulogne. Ferrand et Renaud envahissent le comté de Guînes, ils détruisent dans un premier temps Zouafques, Coulogne et Tournehem. Dans un second temps, en février 1214, ils ravagent Sangatte, Guînes et le Pays de Bredenarde.
Le 27 juillet 1214, Philippe-Auguste remporte la bataille de Bouvines, il y fait prisonnier Ferrand et Renaud. Arnoul II, qui a combattu dans les rangs français, est débarrassé de ses pires ennemis.
Au lieu de s'occuper à réparer les ruines de son comté, Arnoul prend part avec le futur Louis VIII , fils de Philippe-Auguste, à une expédition outre-Manche. Cette armée est partie de Calais avec une flotte de 680 vaisseaux le 21 mai 1216 et débarque en Angleterre le lendemain. Cette expédition dans un premier temps victorieuse, est un échec. Le 24 août 1217, une nouvelle flotte quitte le port de Calais, embarquant une armée de secours pour le prince Louis. Elle sera battue et détruite le 29 août au large de la ville anglaise de Sandwich.
Pendant qu'Arnoul guerroyait, le roi anglais paya
une troupe pour dévaster son comté de Guînes. Ce pauvre
pays encore tout fumant de ruines, vit de nouveau le pillage et l'incendie.
Arnoul II meurt en 1220, son fils Baudouin III lui succède.
Guînes | Calais | Ardres |
De 1224 à 1227, le nouveau comte de Boulogne, Philippe Hurepel, fait fortifier la ville de Calais, il l'entoure de murailles et fait construire un château. Ces ouvrages terminés, la cité commence à l'emporter sur Wissant et Ambleteuse, dont les ports ne sont plus en état de servir à des embarquements importants.
En 1227, Philippe Hurepel est en révolte contre sa belle-soeur, la régente Blanche de Castille, mère de Louis IX dit Saint-Louis. La régente donne l'ordre de libérer le comte Ferrand de Flandre, prisonnier depuis Bouvines. Pour le prix de sa liberté, il se dispose à attaquer le Boulonnais. Il commence par la terre de Merc, il brûle Marck et Oye et met à rançon la ville de Calais.
En 1237, le comté d'Artois est créé au profit de Robert, frère de Louis IX. Le comte de Guînes Baudouin III lui prête hommage pour ses terres.
Philippe Hurepel meurt en 1233, sa veuve continue à gouverner le comté de Boulogne jusqu'à sa mort en 1259. Sur son testament, elle offre la terre de Merc à la comtesse Mahaut d'Artois.
Le 4 juillet 1253, Arnoul III, comte de Guînes, qui avait succédé à son père Baudouin III en 1244, est fait prisonnier par Guillaume de Hollande à la bataille de West-Cappel. Il est remis en liberté contre une gigantesque rançon. C'est la ruine pour lui, il s'endette, pour rembourser, il est obligé de vendre son comté en février 1282 au futur Philippe III de France. Le comté de Guînes était donc passé en droit à la France, mais il existera encore jusqu'à l'invasion anglaise de 1346.
Vers 1295, Arnoul III meurt, sa fille vend une partie de la châtellenie de Tournehem, faisant partie de sa dot à la comtesse Mahaut d'Artois.
En 1295, la tension règne entre les anglais qui considèrent les calaisiens comme des pirates, le nouveau comte Robert II d'Artois fait réparer le château dans lequel il installe une garnison.
Lors de la guerre de Flandre en 1302, le roi de France Philippe-Le-Bel, suzerain du comte d'Artois, choisit Calais comme point de ralliement de la flotte française pour une expédition navale en Hollande. Dans laquelle, le corsaire calaisien Pedrok se couvrira de gloire. Cette même année, les flamands brûlèrent Marck et quelques communes du comté de Guînes, puis menacèrent Calais, tout cela en représailles des raids calaisiens sur Gravelines.
Depuis 1298 jusqu'à la prise de Calais en 1347, les marins calaisiens menèrent une guerre de course pendant les périodes de conflits et de pirateries pendant les trêves, essentiellement aux dépends des navires anglais et flamands.
En 1321, la vente du comté de Guînes est déclarée
non valable, et le roi de France Philippe V le rétrocède
à Jeanne, petite fille d'Arnoul III, son époux Jean II
de Brienne devient le nouveau comte de Guînes. Il meurt en 1338, il est remplacé par son fils Raoul II. En 1341, lui succède
son fils Raoul III, ce sera le dernier à porter le titre de comte
de Guînes. Il meurt décapité le 19 novembre 1350,
accusé de complot au profit de l'Angleterre par le roi de France
Jean II. Le comté sera annexé à la couronne
de France.
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Le 4 septembre 1346, le roi d'Angleterre, Edouard III, met le siège devant Calais après avoir pris Wissant et Sangatte. Le 27 juillet 1347, le roi de France, Philippe VI, arrive enfin au secours de la ville avec une puissante armée. Il installe son camp près de Sangatte. Mais hésitant après le désastre de Crécy du 26 août 1346, il n'engage pas le combat et repart le 2 août.
Le 4 août 1347, Calais doit alors capituler. Ce sera l'épisode glorieux du dévouement des Six Bourgeois de Calais, qui accepteront de se sacrifier pour leur ville. Ils auront la vie sauve grâce à l'intervention de la reine anglaise Philippine de Hainaut. Ces bourgeois avaient pour nom : Eustache de Saint-Pierre, Jean d'Aire, Jacques et Pierre de Wissant, Jean de Fiennes et Andrieux d'Andres. Le lendemain, les anglais entrent dans la place, ils chassèrent tous les habitants qui pour la plupart se retireront en France.
Le 31 décembre 1348, une troupe venue de Saint-Omer, échoue dans sa tentative de reprendre la ville, Calais restera anglaise pour plus de 200 ans.
Les anglais cherchent à augmenter leur possession, ils prennent Oye et Marck en 1348, Coulogne en 1349, Fréthun en 1351, Guînes et Hâmes en 1352. Vers 1357, ils pillent les environs d'Ardres. La paix est signée le 8 mai 1360 à Brétigny. Par ce traité, le roi Jean II, prisonnier des anglais depuis la bataille de Poitiers (19 septembre 1356), est libéré contre une forte rançon et la livraison du comté de Guînes (Guînes, Ardres, Audruicq, mais sans la châtellenie de Tournehem), ainsi que la terre de Merc. Le roi Jean retrouva la liberté à Calais le 26 octobre 1360.
Le seigneur Robert de Fiennes, refuse de se soumettre et s'enferme dans son château, ainsi que les seigneurs de Licques, de Colembert. Malgré plusieurs assauts anglais sur le château de Fiennes, Robert tient bon et bien au contraire vers 1369, avec sa troupe, il s'empare d'Audruicq, qu'il ne peut pas conserver.
La guerre reprend en 1369 et 1373, les anglais débarquent à Calais pour envahir de nouveau la France.
En 1377, la ville d'Ardres et ses dépendances sont reconquises par les armées du roi Charles V, commandées par le duc de Bourgogne, Philippe Le Hardi. Pour ne pas laisser la ville d'Ardres toute seule, les français s'emparent d'Audruicq et de Balinghen en septembre 1377. A cette époque, la justice dont le siège était à Guînes avant l'occupation, est transférée à Ardres sous la responsabilité du bailli. Cette partie française du comté continuera à s'appeler Comté de Guînes.
Dès leur installation, les anglais s'occupent à mettre en sûreté leurs conquêtes. Dans ce but, ils construisent des forts à Guemps et à Nouvelle Eglise, reconstruisent les châteaux de Sangatte et d'Oye, érigent une palissade pour délimiter leur nouvelle frontière. Toute cette contrée devient un vaste camp retranché, destiné à abriter la ville de Calais. Des colons anglais sont invités à venir s'installer dans les demeures laissées vacantes, suite à l'expulsion de la population. Cette partie anglaise du comté de Guînes s'appellera Gouvernement de Calais mais aussi le Pale.
Le 23 décembre 1379, le pape Urbain VI, transfère le
territoire de Calais dans le diocèse de Canterbury.
Le 1er septembre 1385, une trêve est signée à Balinghen. Des discutions ont lieu entre les représentants des deux puissances qui amèneront une succession d'autres trêves. En 1390, au cours d'une de ces fameuses trêves, une grande joute a lieu à Saint-Inglevert, pendant quatre jours consécutifs, trois seigneurs français tiendront tête et combattront avec honneur tous les champions anglais.
En octobre 1396, entre Guînes et Ardres a lieu une entrevue entre les rois Charles VI de France et Richard II d'Angleterre, au cours de laquelle les deux souverains se feront de somptueux cadeaux. A la fin de cette entrevue, le roi anglais épousera la fille de Charles VI à Calais le 3 novembre 1396.
En mai 1405, la guerre reprend, Marck sera assiégée par les français, puis Ardres par les anglais, les deux cités ne seront pas prises. En 1412, les anglais reprennent Balinghen avec l'aide des bourguignons, les français pillent Guînes. En 1414, une nouvelle trêve est signée à Leulinghem. En 1415, la guerre reprend, elle se termine par la défaite française d'Azincourt le 25 octobre 1415.
Le 21 septembre 1435, le duc de Bourgogne Philippe Le Bon se réconcilie avec la France par le traité d'Arras. Le roi Charles VII accorde au duc de Bourgogne, l'administration de toutes les terres situées au nord de la Somme appartenant à la couronne. Il y avait là entre autre Ardres et ses environs, le Pays de Bredenarde (Audruicq), étant déjà possesseur de la châtellenie de Tournehem, le comté de Guînes est presque totalement reconstitué, moins la partie anglaise .
Au printemps 1436, le duc de Bourgogne tente de reprendre Calais avec l'aide de ses troupes picardes, boulonnaises et surtout flamandes. La tentative échoue à cause de l'indocilité des milices flamandes. Oye et Marck sont brûlées, Sangatte, Balinghen sont prises, Guînes est assiégée, tandis que la garnison de Calais tenait bon. Les flamands qui avaient espéré un butin facile, sont démoralisés et quittent les lieux. Ils brûlent au passage Sangatte et Balinghen. Le duc de Bourgogne doit alors se retirer et retourner dans ses possessions. Les anglais poursuivront les traînards en Flandre et jusqu'aux portes d'Ardres.
En 1454, Charles d'Artois, comte d'Eu, fait une tentative infructueuse de reprendre la ville de Guînes. Ce sera le dernier fait d'armes. Dès lors le pays peut se relever de ses ruines. La guerre va se porter sur d'autres théâtres : les anglais seront trop occupés avec leur guerre civile dite "des Deux Roses", et le roi de France, Louis XI, aura forte affaire avec le nouveau duc de Bourgogne, Charles Le Téméraire aux portes de Paris.
En début d'année 1477, à la mort de Charles Le Téméraire, dernier Duc de Bourgogne, Louis XI reprend Ardres et ses environs, après avoir récupéré la Picardie, le Boulonnais et fait occuper l'Artois. Les flamands, fidèles à l'héritière du duc, Marie de Bourgogne, pillent Ardres en juillet 1477. Par la paix d'Arras du 23 décembre 1482, les terres de l'ancien comté de Guînes avec la baronnie d'Ardres, la châtellenie de Tournehem, le Pays de Bredenarde et moins la zone anglaise, revenaient légalement sous domination française.
En 1492, le roi anglais Henri VII, la guerre civile étant terminée, débarque à Calais avec son armée. Il s'empare d'Ardres, d'Autingues, de Licques, de Fiennes et du château de la Montoire près de Nielles-les-Ardres. Après négociations et une forte indemnité, Henri VII restitue ses récentes conquêtes.
Au début du XVIème siècle, les rois anglais et français prendront des dispositions pour faire cesser les hostilités continuelles sur la frontière des deux pays. Mais en 1513, la guerre éclate de nouveau, Henri VIII d'Angleterre débarque à Calais avec ses troupes et se dirige vers Thérouanne, ville française à cette époque. L'armée française où s'illustra le chevalier Bayard, s'attaqua aux arrières gardes anglaises près d'Ardres et de Guînes. En 1514, après avoir ravagé le Pale, les français commandés par le futur François Ier, viendront faire le siège de Guînes, mais ils devront se retirer car des négociations de paix ont été ouvertes.
En 1520, afin d'obtenir la neutralité anglaise dans les rivalités qui l'opposaient à l'empereur Charles-Quint, François Ier rencontre Henri VIII lors de somptueuses journées au cours de l'entrevue du Camp du Drap d'Or. Du 7 au 24 juin, les deux rois, suivis de leurs suites, se feront fête au cours de nombreux festins, bals et tournois dans un camp situé dans une plaine à égale distance de Guînes et d'Ardres.
Mais Henri VIII choisit l'alliance avec Charles-Quint. Et en 1522, des troupes anglaises débarquent de nouveau à Calais, aidées par les forces de l'empereur, elles incendient Ardres. Les français ravagent de nouveau le Pale. Les hostilités cesseront avec le traité du 3 août 1529 à Cambrai, par lequel la Flandre et l'Artois sont officiellement dégagées de la suzeraineté des rois de France. De plus le Pays de Bredenarde et la châtellenie de Tournehem seront incorporés définitivement dans l'Artois impérial, et Ardres et ses environs feront retour à la France sous le nom de Gouvernement d'Ardres ou d'Ardrésis.
L'Ardrésis se composait alors des villages et terres de Nielles-les-Ardres, Autingues, Louches, Zouafques, Fertin, Surques, Bonningues-les-Ardres, Bouvelinghem, Hocquinghem, Licques, Landrethun et le Val, Sanghen, Alembon, Hermelinghen, Le puits du Sart, le mas de Licques et d'Andres, Bouquehault, Berck en Campagne, Rodelinghem, Ferlinghen et Brêmes.
En 1542, les hostilités reprennent dans le Boulonnais, aux alentours d'Ardres et de Tournehem. En 1545, une troupe française pille et brûle Oye puis Marck, tout en ravageant de nouveau le Pale. La paix est signée le 7 juin 1546 par le traité d'Ardres.
Une autre guerre a lieu de 1547 à 1549, les français, las de ravager le Pale, nourrissent le projet de reprendre Calais.
Le 1er janvier 1558, le duc François de Guise apparaît avec son armée sur les hauteurs de Sangatte. Le 8 janvier, après 8 jours de siège, il s'empare de Calais. Les anglais évacuent alors les châteaux d'Oye et de Marck. Le 20 janvier après 3 jours de siège, Guînes tombe à son tour, le 22 janvier le château d'Hâmes est alors évacué. Les anglais étaient définitivement chassés de France. La reprise de Calais eut un retentissement considérable partout en France. Le roi Henri II vint visiter Calais dès le 23 janvier. Tandis que la reine anglaise Marie Tudor en fut si affectée qu'elle mourut peu de temps après en disant "Si l'on ouvrait mon coeur, on y trouverait gravé le nom de Calais ".
Avec la Flandre et l'Artois toutes proches, la seule menace étrangère restante, était celle des espagnols. Les places fortes de Calais et d'Ardres seront jugées suffisantes pour contrer cette menace, c'est pourquoi le château de Guînes fut entièrement détruit.
Le 23 janvier 1558, Henri II, roi de France, arrive à Calais avec la reine et ses enfants. Il met en place un début d'organisation administrative, et accorde à la ville de nouvelles armoiries, celles qui existent encore aujourd'hui.
Le Gouvernement de Calais pris le nom de Pays Reconquis ou de Calaisis, il se composait alors des villages : Andres, Oye, Balinghen, Bonningues-les-Calais, Boucres, Campagne, Coquelles, Coulogne, Escalles, Fréthun, Guemps, Pihen, Hâmes, Guînes, Hervelinghen, Marck, Nielles-Les-Calais, Nouvelle-Eglise, Offekerque, Peuplingues, Sangatte, Saint-Pierre, Saint-Tricat et Vieille-Eglise.
La paix est revenue dans cette contrée, grâce au traité du Cateau-Cambrésis le 3 avril 1559. Suite à l'expulsion des anglais, le Pays Reconquis se trouva presque désert. Des commissions sont mises en place pour retrouver les descendants des anciens propriétaires d'avant l'occupation, tache bien difficile qui se terminera qu'en janvier 1566. Des habitants de Thérouanne dont la ville avait été entièrement détruite par les espagnols en 1553 et des habitants de Saint-Quentin, expulsés de leur ville en 1557 par ces mêmes espagnols, s'installent dans le Pays Reconquis, notamment à Saint-Tricat.
Le mercredi 6 avril 1580 vers les quatre heures du soir, un violent tremblement de terre se produisit, choquant fortement la population. Il continua par plusieurs fois jusqu'à sept heures du soir avec véhémence. En effet, la mer démontée avait grandement endommagé les murailles de la ville de Calais ; de même la Tour du Guet fut fendue en deux, une moitié portée à terre.
Le 7 août 1588, les calaisiens sont témoins de la débâcle de " L'Invincible Armada". Une grande partie des débris des navires espagnols détruits par la marine anglaise, couvriront le rivage de la côte.
Alors que le roi de France Henri IV avait repris la guerre en Artois, les espagnols s'emparent de Calais le 25 avril 1596 après un siège de 16 jours, ils massacrent près de 1200 bourgeois et soldats de la ville. Ils saccagent ensuite Hâmes, Guînes et prennent Ardres le 23 mai 1596 après un siège aussi de 16 jours.
Henri IV, à titre de représailles, fait ravager l'Artois. Les belligérants, fatigués d'une guerre stérile, font la paix le 2 mai 1598 à Vervins en Picardie. Par ce traité Calais et Ardres font leur retour à la France. En 1601 et 1602, Henri IV vient visiter les défenses de Calais.
A cet époque, de nombreux flamands, hollandais, artésiens, fuyant les persécutions espagnoles contre le protestantisme, s'installent à Marck et surtout à Guînes.
En novembre 1614, la digue de Sangatte se rompt, les eaux de la mer se répandent dans le Pays Reconquis, détériorant le sol qui demeura six années sans rien produire.
Le 23 mai 1632, Louis XIII, accompagné du Cardinal de Richelieu, vient à Calais pour inspecter ses fortifications.
Pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648), la course calaisienne est très active contre les navires espagnols.
En 1634, des combats ont lieu contre des armées espagnoles, venues d'Audruicq, Gravelines et Dunkerque, pour piller quelques villages.
En 1642, les troupes espagnoles s'emparent de forts près de Marck et d'Oye. Ils détruisent un temple calviniste présent à Marck depuis 1563. Ils sont aux portes d'Ardres et de Calais. Durant cette période, les partis français et espagnols, tantôt vainqueurs, tantôt vaincus, s'avancent et se retirent, pillant, saccageant et brûlant tout sur leur passage. En 1646, les français repoussent les espagnols et prennent des places flamandes telles que Gravelines, Cassel et Bourbourg. La guerre se poursuit en Flandre et en Lorraine, jusqu'au jour 1er juillet 1657, où les espagnols viennent attaquer Calais, mais l'assaut échoue. Ils se retirent vers Ardres, le 26 août 1657, ils en font le siège. Le 29 août, les espagnols s'enfuient, en effet l'avant-garde de l'armée française arrive à marche forcée depuis la Lorraine. L'année suivante, les français s'emparent de Dunkerque, la paix sera signée par le traité des Pyrénées du 7 novembre 1659.
Pour suivre de plus près les opérations militaires, Louis XIV, accompagné de Mazarin est venu à Calais le 23 mai 1658. C'est dans cette ville, qu'il tomba gravement malade. Le roi, guéri, put s'en aller le 22 juillet 1658. Pendant deux mois, Calais fut la Capitale de la France.
En 1673, une ligue formée de la plupart des Etats de l'Europe s'attaque à la France. Les combats ont lieu en Allemagne et aux Pays-Bas. Toute fois en 1674, des espagnols de Saint-Omer viendront ravager Guînes et Licques. Le 20 avril 1677, les français s'emparent de Saint-Omer. Trois jours, après cette prise, Louis XIV est de nouveau à Calais pour suivre les opérations militaires.
La paix est signée par le traité de Nimègue du 17 septembre 1678, elle donne à la France : Saint-Omer et Tournehem, et confirme les possessions obtenues par le traité des Pyrénées, entre autre l'Artois avec le Pays de Bredenarde et le Pays de Langle, et la Flandre par le traité d'Aix La Chapelle en 1668. Avec la fin de la menace espagnole, de nombreuses forteresses artésiennes seront démantelées, la région ne sera plus considérée comme zone frontalière.
En juillet 1680, Louis XIV est de nouveau à Calais.
En septembre 1684, deux mandarins, envoyés par le roi de Siam, débarquent à Calais pour se rendre à une audience à Versailles, ils seront de retour le 28 mars 1685 pour rembarquer vers leur pays.
En octobre 1685, Louis XIV révoque l'Edit de Nantes. Des familles protestantes, nombreuses dans la région surtout à Guînes, depuis la destruction du temple de Marck en 1642, ont le choix entre l'abjuration ou l'exil. Plusieurs subiront la torture et seront mis à la chaîne, le fanatisme religieux ne respectera même pas les tombes et leurs cadavres. Plus d'un millier de personnes quitteront le Calaisis pour se rendre dans des pays anglo-saxons.
En 1692, le sol calaisien est secoué par un violent tremblement de terre qui fera monter la mer une heure plus tôt et heurter violemment les vaisseaux dans le port.
En 1694, 1695 et 1696, Calais fait l'objet de bombardements de la part de la flotte anglaise. Le 10 avril 1696, une escadre anglaise s'installe devant la ville où se trouvait Jacques II, le roi détrôné d'Angleterre, ainsi qu'une flotte importante réunie par Louis XIV qui rêvait de faire une descente en Angleterre en sa faveur. Le 13, cinq bombes tombèrent sur la ville.
Durant la fin du XVIIème siècle, les corsaires calaisiens s'illustreront d'une manière remarquable notamment contre les navires anglais.
Du 20 avril au 4 mai 1717, le tsar de Russie Pierre-le-Grand demeure en visite à Calais.
En 1720, une nouvelle inondation de la mer désole le pays, les eaux envahissent la terre à nouveau depuis Sangatte.
Le 4 juillet 1744, Louis XV vient visiter Calais et Ardres en se rendant à l'armée durant la guerre de la Succession d'Autriche.
En février ou avril 1756, la contrée subit de nouveau un tremblement de terre, la terre s'entrouvrit à Coulogne. La panique gagna toute la population, il laissa une impression profonde dans les esprits.
Durant la guerre de Sept ans (1756-1763), les corsaires calaisiens porteront des coups terribles à la flotte ennemie. De nombreux régiments installeront leurs camps autour de Calais et de Marck.
Le 7 janvier 1785, le français Blanchard et l'anglais Jeffries
réalisent le premier vol aérien au-dessus de la mer en aérostat, partant de Douvres,
ils atterriront dans la forêt de Guînes.
Le 20 janvier 1790, le département du Pas-de-Calais est constitué de l'Artois, du Boulonnais et du Calaisis (Ardrésis compris) avec comme préfecture la ville d'Arras. Cette même année, le faubourg de Calais appelé Saint-Pierre devient une commune à part entière.
Les corsaires calaisiens sont de nouveau en action en 1793 contre les anglais.
Le 21 février 1798, Bonaparte se rend à Calais pour étudier un éventuel plan d'invasion de l'Angleterre.
Le 27 septembre 1803, Calais est bombardé par 8 navires anglais.
Le 17 juillet 1805, un combat naval entre les flottes anglaise et hollandaise a lieu devant Calais.
En 1804, l'empereur Napoléon Ier, amène un corps expéditionnaire d'environ 200 000 hommes afin d'envahir l'Angleterre. Son armée s'est installée dans tout le Boulonnais, mais s'étend aussi dans le Calaisis et l'Ardrésis, notamment pour rechercher des vivres et des fourrages. Une division d'infanterie légère italienne est cantonnée à Saint-Pierre, ainsi que deux régiments français d'infanterie et un d'hussard. Finalement la Grande Armée s'en est allée en août 1805, direction Vienne, la capitale autrichienne.
De 1803 à 1815, les corsaires calaisiens sont très actifs notamment le plus célèbre d'entre eux : Tom Souville, qui emprisonnait à plusieurs reprises, s'évada à chaque fois.
Le 13 octobre 1806, la ville est de nouveau bombardée par les navires anglais.
Le 24 mai 1810, Napoléon Ier est en visite à Calais.
En avril 1814, à la première abdication de l'empereur, le Calaisis et l'Ardrésis sont occupés par une armée prussienne. Le 24 avril 1814, le roi Louis XVIII débarque à Calais pour prendre possession du royaume de France.
En juillet 1815, après la deuxième abdication de l'empereur, la contrée est occupée par un corps anglais jusqu'en 1818. Les troupes anglaises, victorieuses à Waterloo rembarqueront à Calais.
En septembre 1821, le roi anglais Georges IV utilise le port de Calais pour une visite officielle en France.
La Restauration a été pour Calais et sa toute proche voisine Saint-Pierre, une époque de prospérité. Ce sera durant cette période que se développera l'industrie du tulle de coton ou de soie, ainsi que la dentelle mécanique, présente depuis 1815 grâce à des contrebandiers anglais venus de Nottingham. Elle fera vivre de nombreuses personnes, venues de tout le Calaisis et du Nord de la France. En 1844, Calais et Saint-Pierre disposaient de 166 usines totalisant 660 métiers à tulles.
En 1844, le roi Louis-Philippe se rend à Calais pour effectuer une visite officielle en Angleterre.
En 1845, les travaux du chemin de fer commencent en gare de Calais en direction de Lille, la ligne sera ouverte le 2 septembre 1848.
En 1849, les fortifications d'Ardres sont démantelées, la ville n'est plus une place forte militaire.
Le 26 septembre 1853, l'empereur Napoléon III est en visite à Calais.
En 1854, au cours de la guerre de Crimée contre la Russie, une division française s'embarque sur des navires anglais à Calais pour une expédition dans la Baltique.
En 1855, le roi de Sardaigne Victor Emmanuel s'embarque à Calais pour l'Angleterre, en 1856, le roi des Belges y fera le chemin inverse.
Fin 1870 et début 1871, malgré la chute du Second Empire, l'armée du Nord, composée de soldats originaires du Nord et du Pas-de-Calais, commandée par le général Faidherbe, préserve le Nord de la France d'une invasion prussienne, notamment grâce aux succès d'Achiet-le-Grand, de Bapaume et Saint-Quentin.
De 1878 à 1883, une première tentative de construction du Tunnel sous la Manche a lieu. Les ouvriers de ce chantier creuseront 1800 mètres de galeries avant que les travaux soient interrompus.
Au XIXème siècle, le triomphe de la dentelle a apporté la prospérité à la ville de Calais mais surtout à sa voisine Saint-Pierre. Toute la ville vivait directement ou indirectement de cette industrie. La dentelle, plus la tentative avortée de construction du Tunnel sous la Manche, ont fait de cette cité un nouvel "Eldorado", qui a amené un afflux de paysans à la recherche d'un emploi. Ils venaient de l'arrière-pays du Calaisis, du Boulonnais, de l'Artois, ainsi que du département du Nord, et parfois même de plus loin. Saint-Pierre grossissait...
Le 29 janvier 1885, les deux villes voisines Calais et Saint-Pierre, séparées depuis 1790, fusionnent pour donner naissance à la ville la plus importante du département. La nouvelle citée s'appellera uniquement Calais pour des raisons historiques nationales.
Le 25 juillet 1909, Louis Blériot réussit la première traversée de la Manche en avion en prenant son vol aux Baraques, cet endroit s'appellera plus tard Blériot-Plage.
Durant la première guerre mondiale, Calais a été un immense camp militaire. On y a installé une base belge en octobre 1914, une anglaise début 1915, une portugaise en 1917 et américaine en 1918. Les anglais avaient avec eux des soldats d'origine chinoise ou indienne. Les haras étaient basés à Coquelles, l'aviation à Blériot-Plage, les entrepôts à Audruicq et un dépôt de matériel à Coulogne. Au cours de cette période, Calais a été peut-être la première ville au monde à subir un bombardement aérien, qui sera suivi par tant d'autres.
Le 6 avril 1921, le capitaine Charles De Gaulle épouse la calaisienne, Yvonne Vendroux, en l'église Notre-Dame de Calais.
Lors de la seconde guerre mondiale, les allemands envahissent tout le nord de la France. En mai 1940, 3000 combattants anglais et 800 français défendent la ville de Calais. Des combats terribles ont lieu, et parfois même au corps à corps, ils se termineront le 26 mai 1940. Ce sacrifice a permis de gagner du temps pour rembarquer un maximum de troupes vers l'Angleterre lors de l'opération "Dynamo" à Dunkerque. Dès juin 1940, l'aviation allemande est présente massivement dans le Calaisis pour participer à la Bataille d'Angleterre. De nombreuses troupes sont présentes pour un éventuel débarquement outre-Manche.
Pendant l'occupation, le Calaisis est en zone rouge. Les allemands sont plus nombreux que la population française mais malgré cela, il y eut de nombreux actes de résistance. Les allemands ont fortifié massivement tout le littoral dans le cadre du Mur de l'Atlantique. De ce fait, les bombardements anglo-saxons sont nombreux et de plus en plus massifs, beaucoup de villes et de villages seront anéantis. En septembre et octobre 1944, les canadiens libèrent la région côtière.
En 1982, grâce à la loi de décentralisation, le Calaisis intègre la Région Nord-Pas-de-Calais, incluant les départements du Nord et du Pas-de-Calais.
La fin des années 80, amène le chantier du siècle dans le Calaisis. En effet les travaux du Tunnel sous la Manche bouleversent la vie des habitants. Le Tunnel sous la Manche, exploité par la société Eurotunnel, est opérationnel depuis 1994. Il a été inauguré par Elisabeth II, reine d'Angleterre et par François Mitterrand, président de la République Française, le 6 mai 1994.
Le 7 mai 2000, le Calais Racing Union Football Club (C.R.U.F.C.) est finaliste de la Coupe de France de FootBall.
Aujourd'hui, Calais tire profit de sa position de ville continentale
la plus proche de l'Angleterre et se place au premier rang des ports français
de voyageurs. Même si le nombre de métiers a considérablement
diminué, la ville est toujours un centre important de fabrique
de la dentelle. Situé sur la Côte d'Opale, le Calaisis a
pris un nouvel essor grâce à la présence du Tunnel
sous la Manche qui a favorisé l'arrivée des deux autoroutes
A16 et A26, des trains rapides T.G.V. Nord et Eurostar.